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Tout le monde veut être Cary Grant…

Pour ce premier compte-rendu de lecture de 2022, j’ai décidé de reprendre une structure déjà éprouvée sur ce site : un acteur / un cinéaste / un ou des films.

C’est cette forme que j’ai utilisée pour mon article cinéphile de septembre dernier, avec Romy Schneider et Claude Sautet, mais aussi l’article de mai 2021 où j’évoquais Sean Connery et l’univers James Bond.

Cette structure, je ne la trouve pas forcément naturellement, et je ne l’utilise pas systématiquement.

Écrire l’article

Pour certains articles, la forme est intuitive, je vais pouvoir les préparer longtemps à l’avance, utiliser le prétexte d’une date anniversaire, d’un événement, d’un déclic (c’est ce qui sera le cas pour le prochain article du mois de mars, que j’ai déjà bien en tête).

Pour d’autres, même après avoir lu le livre auquel est consacré le plus gros de l’article, je rame. Je cogite, je tourne les idées dans ma tête, je me demande comment fournir au compte-rendu de lecture proprement dit l’écrin de l’article.

En effet, pour moi, il ne s’agit pas (seulement) de faire un compte-rendu exhaustif de ma lecture. Il s’agit de convoquer tout un contexte cinéphile pour l’accompagner.

Je laisse le livre à proximité – c’est aussi la raison pour laquelle j’évite d’utiliser des versions numériques de ce livre – pour pouvoir le feuilleter à nouveau. Je le reprends, je tourne autour, j’en feuillette d’autres, je procrastine et je grogne.

Et puis, généralement, je trouve enfin l’idée par hasard, l’idée qui donnera à l’article son fil conducteur, en tous les cas pour moi.

À l’origine, feuilleter le catalogue Gallimard

Revenons en arrière, à ce qui m’a poussé à choisir l’ouvrage que j’évoquerai dans un instant.

Je feuilletais les brochures que publie régulièrement la maison d’édition Gallimard, et qu’elle envoie aux établissements scolaires, pour indiquer les nouvelles sorties. Généralement, j’y glane quelques idées d’achats pour le CDI, mais pas la majorité, loin de là.

Au milieu des romans, dans la brochure que je tenais entre les mains, je trouve ce titre : Être Cary Grant, de Martine Reid, publié en avril 2021. Pas dans les pages consacrées aux essais, mais au milieu des romans.

Je vois la couverture, avec le visage familier et sa fossette. Je fais appel à ma mémoire et je fouille dans mes rayonnages… mis à part La Vie que tu t’étais imaginée de Nelly Allard, je n’ai pas souvenir d’avoir lu beaucoup de romans publiés chez Gallimard et consacré à un acteur.

Flammarion, avec sa pépite sur Greta Garbo, Un renoncement, de René de Ceccatty, me semble plus coutumier du fait.

Va donc pour Être Cary Grant.

Replonger dans des souvenirs cinéphiles

Cary Grant fait partie des acteurs que j’ai côtoyés au moment où je commençais à construire, tout doucement, mon univers cinématographique, de manière consciente. Je ne parle pas des premiers films vus étant enfant, mais de ceux que j’ai progressivement choisis.

Vers 15-16 ans donc, après le déclic « Truffaut », j’ai commencé à regarder les cycles du Cinéma de minuit, enregistrés sur cassettes. J’ai aussi choisi, pendant les vacances scolaires, quelques films à aller voir dans les cinémas parisiens (Grand action, Action école, Action Christine et le Championnet).

Ces choix s’appuyaient alors sur ce que je considérais comme une bible : les Chroniques du cinéma

C’est avec ce livre que je découvrais le parcours de Lauren Bacall et d’Humphrey Bogart, de Bette Davis, de Katharine Hepburn et de Spencer Tracy, de Vivien Leigh, de Grace Kelly.

J’ai donc pu découvrir dans les cinémas parisiens L’Impossible Mr Bébé, qui réunit Katharine Hepburn et Cary Grant, puis plus tard, en DVD ou à la télévision : La Dame du vendredi, Sylvia Scarlett, Indiscrétions, Elle et lui ou encore Charade, beaucoup plus tard.

Je retrouvais aussi l’image lisse et très bien mise en scène de Cary Grant dans un ouvrage acheté à l’époque :

Cary Grant : les images d’une vie, de Yann-Brice Dherbier, publié en 2009 chez YB Editions, une maison d’éditions qui proposait au lecteur pour différentes stars hollywoodiennes ces « images d’une vie », sous un format particulièrement soigné.

Retour au présent

C’est en ayant ces souvenirs en tête que j’avais posé le livre de Martine Reid sur ma bibliothèque, à l’été 2021. Il était en bonne place sur ma pile de lecture, mais je retardais le moment de venir à sa rencontre.

Puis, en novembre dernier, je tombe sur un documentaire Arte, disponible en replay jusqu’au 11 février 2022 : Cary Grant, de l’autre côté du miroirqui donne la part belle à cette citation émouvante de l’acteur : « Tout le monde voudrait être Cary Grant. Moi aussi, je veux être Cary Grant ! »

J’y découvre de nouvelles facettes du personnage : l’enfance, les mariages successifs, la psychothérapie sous LSD…

J’ai envie de confronter à ce documentaire le roman biographique de Martine Reid. Je me plonge donc dans cette lecture.

Quatrième de couverture

La quatrième de couverture de Être Cary Grant part de cette même citation, si troublante :

« Tout le monde veut être Cary Grant. Même moi, je veux être Cary Grant. »

Des comédies romantiques de l’âge d’or du cinéma américain aux chefs-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, Cary Grant (1904-1986) demeure l’une des stars d’Hollywood les plus célèbres au monde.
Gentleman flegmatique, séducteur caustique, il a réussi grâce à un physique exceptionnel à incarner « l’homme idéal », fantasme de millions de spectatrices et spectateurs. Derrière cette belle image de cinéma se cache pourtant un être tourmenté, dont toute l’existence est fondée sur le leurre.

Sur cette quatrième de couverture, le mot leurre est en italique. C’est ce résumé qui a retenu mon attention, et qui m’a donné envie d’aller plus loin : Cary Grant n’y est pas seulement une star hollywoodienne, ou un être complexe comme le présente le documentaire produit par Arte.

C’est un personnage de roman à part entière, une incarnation qu’il a méticuleusement construite lui-même, avec des fêlures que l’on entrevoit à intervalles plus ou moins réguliers.

C’est tout cela que veut nous faire ressentir Martine Reid, en choisissant comme titre non pas simplement Cary Grant, mais Être Cary Grant.

L’homme dont on va entendre l’histoire a deux noms. Ceux-ci désignent dans le temps deux vies qui n’ont pas grand-chose à voir l’une avec l’autre. Du fait de ces deux noms, tout est irrémédiablement double chez lui : il est né deux fois, dans deux lieux distincts ; il est mort deux fois aussi, mais de façon assez dissemblable, la première mort, on va le voir, apparaissant aussi interminable que la deuxième est soudaine.

Cette construction opérée par les studios de cinéma et par l’acteur lui-même s’est faite au détriment d’un nom, Archibald Leach, d’une enfance et d’un milieu, d’une sexualité et d’une identité. Pour parvenir à incarner Cary Grant, il faut se débarrasser des oripeaux Archie Leach, quitte à les voir resurgir par inadvertance.

Non seulement, Martine Reid réussit à faire de Cary Grant ce personnage de roman qu’il était déjà de son vivant, mais elle réussit aussi à nous restituer admirablement l’ambiance du Hollywood de ces années-là, la période d’activité de l’acteur s’étalant de 1932 à 1966.

L’ouvrage ne s’ouvre pas, comme on pourrait le croire, par la citation que je viens d’en extraire. Il s’ouvre avec une scène beaucoup plus familière pour le lecteur et le spectateur : il s’ouvre sur La Mort aux trousses.

Spectateur d’Hitchcock : James Stewart ou Cary Grant ?

Parmi les films que j’ai cités plus haut de la filmographie de Cary Grant, il y en a que j’ai volontairement omis.

Si je voulais consacrer cet article à l’acteur hollywoodien, c’est aussi pour le prétexte qu’il me donnait de parler à nouveau du cinéma d’Alfred Hitchcock, que j’évoque déjà assez régulièrement sur ce site, pour parler de ses intrigues, de ses actrices fétiches, de ses storyboards, de sa cuisine, de ses itinéraires… mais pas encore de ses acteurs.

Cary Grant est à égalité avec James Stewart dans le cinéma d’Hitchcock. Et pour moi il ne s’agit pas de dire si l’un est meilleur que l’autre.

  • James Stewart : période hitchcockienne 1948-1958. Quatre films : La Corde, Fenêtre sur cour, L’Homme qui en savait trop, Sueurs froides.
  • Cary Grant : période hitchcockienne 1941-1959. Quatre films : Soupçons, Les Enchaînés, La Main au collet, La Mort aux trousses.

Ce que l’on peut comparer, ce sont les personnages qu’ils incarnent.

Concernant James Stewart, nous sommes spectateurs avec lui. Nous observons, nous sommes voyeurs de l’action, nous assistons à l’intrigue, nous la voyons se construire sous ses yeux comme sous les nôtres. Nous avons le vertige avec lui.

Concernant Cary Grant, notre rôle est moins celui d’un voyeur que d’un témoin, voire d’un complice. Nous partageons l’action.

C’est du moins ce que je ressens, à titre personnel, lorsque je revois les films d’Hitchcock avec ces deux acteurs.

Et qu’ai-je fait sitôt ma lecture de la biographie de Martine Reid achevée ? Évidemment, j’ai revu La Mort aux trousses.

Revoir La Mort aux trousses

Il y a deux films d’Hitchcock que j’ai vus et revus et que je connais jusqu’au bout des ongles. Fenêtre sur cour et La Mort aux trousses.

Lorsque je les revois, je cède soit à l’envie du huis-clos, soit à l’envie du voyage.

Pour le deuxième, ce sont les mêmes images qui me reviennent en tête :

  1. un générique qui dessine peu à peu les immeubles new-yorkais et Hitchcock qui rate son bus
  2. une soirée et une course-poursuite alcoolisées avec Cary Grant qui finit au poste de police de Glen Cove
  3. Jessie Royce Landis en mère tellement insupportable « Alors messieurs, vous voulez vraiment tuer mon grand garçon ? »
  4. une visite aux Nations Unies
  5. un repas sans dessert avec Eva Marie Saint mais avec une truite un peu trop saumonée dans le Chicago Express
  6. la fameuse scène avec l’avion qui prend le contrepied de tous les rendez-vous cinématographiques (de jour, au milieu de nulle part, au soleil)
  7. la main de James Mason sur le cou d’Eva Marie Saint à la soirée d’enchères
  8. le mont Rushmore et le pistolet chargé à blanc (avec le petit garçon à l’arrière-plan qui se bouche les oreilles)
  9. la maison de James Mason, inspirée de Frank Lloyd Wright
  10. la poursuite sur le mont Rushmore et la scène finale

Mais si vous voulez voir ou revoir La Mort aux trousses, c’est tout de même Blow Up qui en propose le meilleur visionnage en accéléré :

Bref, l’ouvrage de Martine Reid m’a permis de revoir La Mort aux trousses (en vitesse normale), m’a fait rouvrir L’Amérique évanouie de Sébastien Clerget – qui nous fait propose quelques itinéraires cinématographiques à travers les États-Unis – et La Sauce était presque parfaite, un superbe recueil de recettes hitchcockiennes.

De quoi donner envie, sinon d’être Cary Grant, du moins de lire Être Cary Grant, non ?

2021 : Palmarès de lecture

Comme pour l’année dernière, je publie ce palmarès au mois de décembre, afin de pouvoir, à nouveau, en janvier, faire un petit article sur le Bullet Journal.

Cela me permettra aussi de vous donner quelques idées de cadeaux de Noël, si vous souhaitez glisser sous le sapin l’un ou l’autre des ouvrages sympathiques dont j’ai pu vous parler cette année.

Pour ce palmarès, j’ai beaucoup moins d’avance que l’an dernier, nous sommes à la mi-novembre au moment où je commence à l’écrire.

Je profiterai de cet article pour vous partager les photos d’une petite sortie que j’ai faite au début du mois et pour faire quelques clins d’oeil complices…

Présentation du palmarès

Comme chaque année depuis 2013, je finis le mois de décembre ou commence le mois de janvier par un palmarès de lecture de l’année passée.

Je vous glisse ici les liens des éditions précédentes :

Pour 2021, mes lectures ont commencé très tôt en 2020, à la faveur des périodes de confinements : j’ai dû les entamer vers le mois d’août 2020.

Cependant, contrairement à l’année dernière, je n’avais pas fini ces lectures en avance : j’ai terminé ma dernière lecture cinéphile fin octobre pour un article que je comptais publier début novembre.

De la même manière, mon activité de lecture de 2021 a été considérablement réduite : malgré un petit pic au mois d’avril (7 livres lus), j’ai lu entre 3 et 6 livres par mois cette année – contrairement à 2020 où c’était généralement le double.

Concernant mes lectures cinéphiles, en voici un petit bilan :

  • Louis de Funès à Paris, Philippe Lombard (lu en 2020)
  • L’Angleterre en séries, Ioanis Deroide (lu en 2020)
  • The Crown, le vrai du faux : la série culte décryptée, de Corentin Lamy, Joffrey Ricome et Pierre Trouvé (lu en 2020)
  • Tarantino Reservoir films, Philippe Lombard (lu en 2020)
  • François Truffaut, Noël Simsolo (lu en 2020)
  • Bons baisers du monde, Guillaume Evin et Laurent Perriot (lu en 2020)
  • Le Paris de Claude Sautet, Hélène Rochette
  • La Beauté du ciel, Sarah Biasini
  • Christopher Nolan : la possibilité d’un monde, Timothée Girardin
  • Les Orphelins de François, Bernard Gheur

J’avais réussi avant janvier 2021 à préparer en brouillon mes 4 premiers articles, même si j’hésitais quant à l’ordre dans lequel les publier.

Ainsi en janvier, mes comptes-rendus sur Louis de Funès, l’Angleterre dans les séries, les films de Tarantino et un deuxième épisode du cinéma en BD étaient prêts.

Par contre, j’ai mis un temps certain à écrire les deux articles suivants et désormais, je n’ai plus qu’environ trois semaines d’avance entre l’écriture d’un article et sa publication.

Palmarès 2021

Chaque année, j’essaye de regrouper ces quelques lectures en catégories plus ou moins signifiantes. Cette année, j’en dénombre trois, avec un invité surprise : cinéma français, productions internationales et témoignages.

Cinéma français

Dans cette catégorie, je regroupe :

  • Louis de Funès à Paris, de Philippe Lombard, éditions Parigramme, juillet 2020
  • François Truffaut, de Noël Simsolo, éditions Glénat, août 2020
  • Le Paris de Claude Sautet, d’Hélène Rochette, éditions Parigramme, septembre 2020

C’est à ce dernier que va ma préférence, un très bel ouvrage, illustré et immersif , qui m’a autant donné envie de revoir les films de Claude Sautet (et dans la foulée de ma lecture j’ai vu Vincent, François, Paul et les autres, Un coeur en hiver et Nelly et Monsieur Arnaud) que de déambuler dans le quatorzième arrondissement.

Productions internationales

Cinq livres dans cette catégorie :

  • L’Angleterre en séries, de Ioanis Deroide, éditions First, février 2020
  • The Crown, le vrai du faux : la série culte décryptée, de Corentin Lamy, Joffrey Ricome et Pierre Trouvé (édition de 2020, l’ouvrage a fait l’objet d’une réédition plus récente en octobre 2021 – j’avoue hésiter à me le racheter, étant archi-fan de la série et l’édition précédente n’étant pas parvenue à m’en dégoûter ! bien au contraire…)
  • Tarantino Reservoir films, de Philippe Lombard, éditions Omake Books, novembre 2020
  • Bons baisers du monde, de Guillaume Evin et Laurent Perriot, éditions Dunod, octobre 2020
  • Christopher Nolan : la possibilité d’un monde, de Timothée Girardin, éditions Playlist Society, réédition avril 2021

Et donc dans cette catégorie, il est très difficile de choisir un livre parmi les cinq mentionnés.

C’est pourquoi je décide de donner raison à Philippe Lombard, qui a la gentillesse de m’envoyer ses ouvrages régulièrement avant qu’ils ne paraissent, et dont j’ai découvert la dédicace suivante dans l’un des plus récents :

Pour Juliette, qui a déjà prévu de chroniquer ce livre en décembre 2021 😉

Vous ne croyez pas si bien dire, cher Philippe, puisque je retiens pour ma catégorie « Productions internationales » le Ça tourne mal… à Hollywood ! : L’histoire méconnue et tumultueuse du cinéma américain, publié en novembre 2020 aux éditions La Tengo.

En effet, après un premier opus passionnant publié en 2019 (et que j’avais donc tout à fait justement évoqué dans mon palmarès de 2020) consacré au cinéma français, Ça tourne mal… à Hollywood ! revient sur quelques anecdotes tantôt hilarantes tantôt quelque peu glaçantes du cinéma américain.

La structure du livre, qui va de la pré-production à la sortie en salles (ou pas) m’a rappelé la série de vidéos Film wars de François Theurel (alias le fossoyeur de films)

Je glisse ici le premier sur Alien 3 à déguster à nouveau…

Cela m’a aussi rappelé une série assez bien faite diffusée sur Netflix : The movies that made us qui revient sur les tournages des films de notre enfance (l’un de mes épisodes préférés est celui sur Jurassic Park).

Bref c’est ce mélange assez détonnant de fous-rires et de tendresse que l’on a à la lecture du livre de Philippe Lombard, et qui nous montre à nouveau à quel point les oeuvres d’anthologie, celles qui constituent notre patrimoine cinématographique (et plus largement culturel) sont parfois enfantées dans la douleur.

La dédicace de l’ouvrage le plus récent du sieur Lombard me suggère un nouvel article pour juin 2022 : je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une promesse, mais cela arrivera peut-être plus tôt que prévu !

Témoignages

Dernière catégorie, les témoignages, dans laquelle je regroupe :

  • La Beauté du ciel, de Sarah Biasini, éditions Stock, janvier 2021

  • Les Orphelins de François, de Bernard Gheur, éditions Weyrich, février 2021

J’ai indiqué implicitement dans mon article cinéphile de novembre à quel point il m’est difficile de ne pas être émue lorsque je lis un texte évoquant François Truffaut.

Et évidemment, lorsque je lis ce dernier en fin d’année, ou lorsque je lui consacre le dernier article cinéphile de l’année, il est aussi compliqué de dépasser cette impression.

Les deux livres de cette catégorie ont en partage l’émotion et la pudeur.

Je décide donc de ne pas choisir et vous invite à lire les deux avec la même empathie : vous y trouverez aussi en partage le souvenir d’enfance, la mémoire, l’amour du cinéma et l’émerveillement.

Bilan et escapade

Voilà pour ce palmarès et ces lectures cinéphiles de 2021, qui ont tout de même été assez variées.

Pour 2021 j’ai également proposé cet été deux hors-série de conseils de lecture, avec des livres qui n’étaient pas dédiés au cinéma. Pour celles et ceux qui seraient en panne d’idées de lectures (ou de cadeaux), n’hésitez pas à aller jeter un coup d’oeil !

Concernant mes lectures de 2022, ma liste est déjà assez conséquente, et comme je l’ai indiqué plus haut, il y aura déjà un Lombard dans la liste, mais aussi une biographie d’acteur, une bande-dessinée et un ouvrage consacré à un réalisateur encore jamais évoqué (ou si peu) sur ce site.

Avant de vous laisser, je vous partage quelques photos d’une escapade que j’ai faite début novembre à Angoulême, lieu de tournage et ville organisatrice d’un festival du film francophone depuis plusieurs années.

J’y ai visité le musée de la bande-dessinée et les studios Paradis, avec une exposition consacrée au tournage du dernier film de Wes Anderson, The French Dispatch :

C’est sur ces images que je vous souhaite à nouveau de très belles fêtes de fin d’année, et je vous mitonne pour très prochainement le dernier article #profdoc de 2021.

À très bientôt sur #Cinephiledoc !

 

Bâtisseurs de mondes

Pour écrire ce nouvel article cinéphile, j’ai eu un peu de mal à mettre le pied à l’étrier.

D’habitude, j’ai toujours un peu d’avance dans ces comptes-rendus, je m’arrange pour qu’à chaque vacance, les deux articles suivants soient prêts.

Il faut dire aussi que mes lectures sont elles aussi généralement en avance, ce qui n’est cette fois-ci pas le cas… j’ai fini le livre qu’abordera cet article il y a environ deux semaines, et pourtant cela faisait bien deux mois qu’il était en évidence sur l’une de mes étagères…

Je profite donc d’un dimanche particulièrement pluvieux et venteux, qui incite bien plus à la paresse qu’au mouvement, pour rattraper mon retard et sortir cet article, comme prévu, le vendredi suivant.

Revoir des films, retourner au cinéma

Avec ce compte-rendu du mois d’octobre, et avec l’annonce de plusieurs sorties en salle qui sont des plus alléchantes – Dune, le dernier James Bond malgré Léa Seydoux, Matrix IV – j’ai retrouvé l’envie d’aller au cinéma et de voir de nouveaux films.

En effet, si l’on fait exception du premier volet de Kaamelott, qui était vraiment un impératif pour moi, je n’étais pas retournée au cinéma depuis la sortie du Joker avec Joaquin Phoenix.

Comme beaucoup, je me suis réfugiée durant toute cette période dans le visionnage en streaming ou dans le revisionnage de ce que j’avais sur mes étagères… avec, je l’ai dit, au mois de septembre, une bonne rétrospective de Claude Sautet et de Jean-Paul Belmondo.

Généralement mes lectures cinéphiles me donnent envie, quand le livre gagne son pari, de voir ou de revoir des films, d’enrichir ma culture cinématographique, d’approfondir un univers.

Le plaisir de la découverte

Ma bibliothèque étant bien garnie, il m’arrive souvent d’être en panne d’inspiration dans mes choix de lecture.

Je vais donc de plus en plus me tourner vers ce que je n’ai pas déjà, même s’il peut y avoir des coups de coeur et des exceptions – un énième livre sur Truffaut, Hitchcock ou Chaplin trouvera toujours sa place sur l’étagère.

Mais ces derniers temps, ce que j’ai recherché, ce sont les ouvrages qui me décodent les univers de réalisateurs plus récents, et que j’ai découverts plus tardivement, raison pour laquelle j’ai autant apprécié le livre de Philippe Lombard sur Quentin Tarantino.

C’est aussi pour cela que je considérerai avec davantage de curiosité un livre sur Wes Anderson, sur les sœurs Wachowski,  sur David Fincher ou sur Christopher Nolan.

En ce qui concerne les trois derniers univers mentionnés, ils ne font pas partie à l’origine de ce que j’avais l’habitude de regarder. Ces dernières années m’ont permis d’élargir mes horizons cinématographiques et de découvrir des œuvres vers lesquelles je ne serais pas allée naturellement…

Palmarès des nouveaux horizons

Dans ces découvertes je retiens principalement :

  1. l’univers des sœurs Wachowski cité précédemment (de Matrix à Sense 8 en passant par Cloud Atlas)
  2. les films de survie spatiale (je range dedans Gravity, Seul sur Mars et Interstellar)
  3. Seven sisters, que j’avais adoré, avec un gros coup de coeur pour Noomi Rapace
  4. La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro
  5. les films de Christopher Nolan, du coup Interstellar apparaît à deux endroits…

Il y a évidemment bien d’autres films que j’ai vus ces dernières années (et je ne compte pas les séries), mais je ne garde ici que ceux qui m’ont véritablement sortie de ma zone de confort et qui ont constitué pour moi des claques aussi bien narratives que visuelles.

J’ai vu et revu Matrix, j’ai été bluffée par la beauté foisonnante de Sense 8. Pour les films spatiaux, qui ont parfois tendance à m’ennuyer, c’est le visuel et l’humour que je retiens avec Seul sur Mars, même si Interstellar joue dans plusieurs catégories (comme Jessica Chastain d’ailleurs)…

Seven sisters m’a subjuguée pour son jeu sur les différentes identités, La Forme de l’eau pour la beauté fascinante de son histoire. Quant à Nolan, il se suffit à lui-même.

Et comme d’habitude, quand quelque chose m’interpelle ou m’intrigue, j’aime me le rappeler ou qu’on me l’explique.

Décrypter Christopher Nolan

Qu’on me l’explique ou que du moins on tente de me l’expliquer, que je parvienne à en saisir certaines aspérités.

C’est ce que s’attache à faire l’auteur du petit ouvrage que je vais brièvement évoquer maintenant, Timothée Gérardin.

Son Christopher Nolan : La possibilité d’un monde a été publié une première fois en 2018 et est ressorti en avril dernier, pour inclure Tenet à son corpus.

Je n’ai pas encore vu tous les films de Nolan, et même si je les avais tous vus, ce n’est pas un premier visionnage de ceux qui me manquent qui me permettrait de les appréhender correctement.

J’ai cependant vu une bonne dizaine de fois (si ce n’est plus) les autres, à savoir : la trilogie  The Dark Knight, Inception et Interstellar.

À l’heure où j’écris cet article, Tenet est toujours sur mon étagère, à attendre patiemment que je me décide à le regarder…

J’ai donc ouvert l’ouvrage de Timothée Gérardin avec beaucoup de curiosité et un peu d’appréhension, mais j’ai vite été embarquée dans ce labyrinthe captivant que constitue l’univers de Nolan, et c’est une phrase au milieu des autres qui a fini d’emporter mon adhésion :

On retrouve ici le plaisir double des films de Nolan, qu’on voit une première fois pour les croire, et une seconde fois pour les comprendre.

À en juger par le nombre d’articles et de théories publiés à la sortie d’Inception, puis à celle d’Interstellar, ce dont se souvient comme moi l’auteur du livre, la seconde fois ne suffira jamais…

Et c’est tant mieux !

Sauf pour Tenet qui fait partie de ma période creuse au cinéma, quand je sais qu’un film est de Nolan, cela est suffisant pour me décider à le voir (comme avant lorsqu’il s’agissait de Ridley Scott, mais il y a eu trop de loupés et c’est un autre débat).

Nolan me procure ce sentiment d’évasion et cette envie compulsive de comprendre son univers, tout en me poussant à aller plus loin.

Je n’ai compris les trois temporalités de Dunkerque qu’au milieu du film et c’est ce qui a fini de me convaincre que j’avais affaire à un génie.

L’ouvrage de Timothée Gérardin me conforte dans cette idée parfaitement impartiale…, d’une manière concise et efficace :

  • un prologue présentant le parcours de Nolan
  • 3 parties sur les différents aspects de son cinéma : « Le labyrinthe des subjectivités », « Le maître des illusions », « Humains après tout »
  • un épilogue ouvrant sur les expérimentations à venir

Cet épilogue présente Nolan comme à contre-courant de cinéastes que j’ai cités précédemment, comme Fincher ou les Wachowski, et surtout « à contre-courant des blockbusters récents ».

Il est certain que si je regardais avant avec plaisir les anciens X-Men, les « fabriques du héros » qu’ont été les premiers volets des Captain America ou de Iron Man, les facéties parodiques d’un Deadpool, les aventures de Spiderman version Andrew Garfield, les tribulations bien rythmées des Gardiens de la galaxie, c’est maintenant avec lassitude que je vois sortir chaque poussée tentaculaire de l’univers Marvel…

… et si je continue à leur trouver un petit plaisir régressif ou à savourer le fait de déconnecter mon cerveau en les regardant, ils ne me stimuleront et n’aiguiseront ma curiosité jamais autant que le prochain Christopher Nolan.

Je profiterai des prochaines vacances pour voir enfin Tenet, et lire le livre qui fera l’objet du prochain compte-rendu de lecture.

D’ici là, je vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !

Un tour du monde qui rime

Pour ce dernier compte-rendu de lecture avant ma traditionnelle pause estivale – avec deux hors-série qui, cette fois-ci, seront un peu moins ambitieux que d’habitude – j’ai décidé de vous proposer un article qui, dans sa construction et dans son esprit, fonctionnera en parallèle du compte-rendu de septembre.

Écriture des articles cinéphiles

Commençons par un petit constat, avant de vous en dire plus : il y a un peu plus d’un an, alors que nous entrions en période de confinement, j’ai profité des vacances d’avril, puis de l’été, et enfin de la fin du mois d’octobre, pour prendre une certaine avance sur la rédaction de mes comptes-rendus de lecture.

Ainsi, à l’été 2020, j’avais déjà réussi à écrire tous mes articles cinéphiles prévus pour 2020, puis à l’automne, j’avais déjà bien avancé l’écriture des comptes-rendus allant de janvier à avril. En janvier 2021, j’ai réussi à prendre un petit peu de temps pour écrire l’article précédent, l’épisode 2 consacré aux BD et au cinéma.

Arrivée au mois d’avril, il me restait donc cet article à rédiger, et je voulais également avancer sur les hors-série estivaux.

Pourquoi une telle avance ? Parce que la lecture des ouvrages que je mentionne dans ces articles, et la rédaction de ces derniers me prennent généralement plus de temps que l’écriture des articles #profdoc. Je profite donc à chaque fois de mes moments de liberté pour avancer le plus possible.

C’est cependant en avril de l’an dernier que j’ai eu l’idée de cet article, qui aurait pu paraître successivement en mai, en novembre, puis en avril 2021, voire en octobre…

Une lecture et une écriture à reBONDissements

Vous l’avez compris à la lecture de ce titre, cet article portera en grande partie sur la saga James Bond, même si pour des raisons évidentes (et d’autres plus personnelles sur lesquelles je reviendrai plus bas) je n’aurai, au moment de publier ce compte-rendu, toujours pas vu No time to die…

  • 16 février 2019 : une première date de sortie du film est annoncée pour le 8 avril 2020
  • 4 mars 2019 : la UK’s Film Distributors Association annonce que le film sortira au Royaume-Uni le 

Bon, un an à patienter, je suis convaincue qu’en 2019, je ne comptais pas les jours comme l’auraient fait certains fans en me disant : dans un an, sortie du prochain James Bond.

Mais j’avais tout de même suivi certains débats, et je me désespérais déjà du retour de Léa Seydoux en James Bond girl, preuve que je n’étais pas non plus totalement indifférente…

  •  : suite à la pandémie de Covid-19 et devant les craintes d’un mauvais démarrage, les sociétés de production annoncent repousser la sortie au  au Royaume-Uni, et au  pour les États-Unis

Là, évidemment, les échéances approchant, l’annonce avait fait partie des mauvaises nouvelles de la période, d’autant qu’en parallèle de la sortie du film devait être publié l’ouvrage qui fait l’objet de cet article.

Donc je prends mon mal en patience (comme tout le monde) et je repousse cette idée d’écriture à plus tard…

  • la sortie est cette fois repoussée au  en France. Pour ajouter à la poisse accumulée par l’univers James Bond, Sean Connery décide de nous quitter le 31 octobre.

Et là, pour le coup, l’ouvrage qui m’intéresse paraît finalement. Un bref instant fin octobre je pense à bousculer mon calendrier et à sortir un article James Bond / Sean Connery en novembre 2020, puis je me résous à attendre le printemps 2021…

  • suite à la prolongation de la crise sanitaire et aux fermetures prolongées des cinémas, le film est de nouveau reporté au  aux États-Unis et le  en France

Cette fois-ci, tant pis, je décide de garder mon article pour le mois de juin, en me disant qu’à défaut d’avoir vu le dernier James Bond, je pourrai tout de même :

  1. parler de Sean Connery
  2. parler de James Bond
  3. proposer des escapades dans différents endroits du monde…

Enfin en avril 2021 me vient cette idée d’une construction similaire pour l’article de juin et l’article de septembre : un acteur / un univers cinématographique / une escapade ici ou ailleurs.

Pourra-t-on voir le dernier James Bond en octobre prochain ? Je l’ignore mais je croise les doigts, pas tant parce que je suis une inconditionnelle de la saga, que parce que cela voudra dire que les cinémas auront enfin rouvert et que peut-être (je dis bien peut-être) cette période si particulière sera enfin derrière nous !

Un hommage avec retard…

La disparition de Sean Connery aura été l’un des événements (hors Covid, confinement, couvre-feu et autres joyeusetés) qui m’aura le plus marquée fin 2020 – comme m’avait marquée celle de Juliette Gréco, peu de temps avant, et comme a pu le faire celle du prince Philip en avril dernier.

Juliette Gréco, à cause du prénom et d’une rencontre dans sa loge quand j’avais 14 ans (il me semble), et même si j’ai progressivement remplacé son répertoire par celui de Nina Simone ou de Lady Gaga, celui-ci me reste néanmoins en tête.

Le prince Philip, parce que ma fascination pour l’histoire britannique n’est plus un secret pour personne.

Et Sean Connery, parce que depuis Highlander, j’étais persuadée qu’il était immortel… non, plus sérieusement : il faisait à mes yeux partie de ces figures cinématographiques tutélaires qui ne peuvent pas disparaître.

Je l’ai certes apprécié dans James Bond, j’aurai l’occasion d’y revenir, et si je suis loin d’avoir fait le tour de toute sa filmographie, voici les quelques films qui sont pour moi inoubliables :

  • 1964 : Marnie, d’Alfred Hitchcock. Alors oui, certainement pas le meilleur Hitchcock ni le meilleur rôle de Sean Connery, mais c’est le seul film hors saga James Bond que j’ai vu de cette période de sa carrière (avec Le Jour le plus long, mais il n’y fait qu’une apparition parmi un casting qui fait tourner la tête)
  • 1974 : Le Crime de l’Orient-Express, de Sidney Lumet. Là encore casting prestigieux, et je l’adore en colonel Arbuthnot, même si ma préférence va à Lauren Bacall en Mrs Hubbard. Je n’ai pas vu l’incroyable Zardoz, ni La Rose et la flêche, ni L’Homme qui voulait être roi, ce qui manque cruellement, je l’avoue, à ma culture cinéphile.
  • 1986 : Le Nom de la rose, l’un de mes films préférés. Rien à dire de plus, je l’adore ! Même période, 1989, Indiana Jones et la dernière croisade, avec cette réplique mémorable : « I suddenly remembered my Charlemagne : « Let my armies be the rocks, and the trees, and the birds in the sky.« 
  • 1990 : À la poursuite d’Octobre rouge, découvert tardivement, mais que je pourrais voir et revoir indéfiniment !
  • 2001 : À la rencontre de Forrester, son dernier grand rôle, et paradoxalement l’un des premiers rôles, hors saga James Bond dans lesquels je l’ai découvert, j’avais 15 ans à la sortie du film et celui-ci est resté l’un de mes films cultes.

Revenons-en à James Bond

Désamorçons tout de suite les bombes Bond avant qu’elles n’explosent : oui, les premiers épisodes de la saga sont misogynes, comme l’est le personnage, oui les femmes sont considérées comme des objets, oui c’est un alcoolique et un obsédé sexuel, oui à quand un James Bond noir ou un James Bond femme…

Et pourtant, j’aime cette saga. Alors certes, je n’ai pas tout vu, j’ai principalement vu la période Sean Connery puis Pierce Brosnan et Daniel Craig (donc il me manque un intérim et deux incarnations si l’on compte bien), mais globalement, voici les trois que je retiens :

  • Goldfinger : parce que Sean Connery, mais aussi parce que Honor Blackman en James Bond girl, que j’ai toujours adorée. Pour la chanson de Shirley Bassey et pour l’intrigue aussi.
  • Période Pierce Brosnan, j’hésite, mais je reste sur Goldeneye parce qu’il y a Sean Bean en traître et j’aime Sean Bean
  • Enfin, aucune hésitation pour la période Daniel Craig, c’est Skyfall : déjà la chanson d’Adèle, pour l’intrigue passionnante, pour Javier Bardem, pour la dernière apparition de Judi Dench en M, pour la première apparition de Ralph Fiennes en M, pour l’Écosse, bref c’est l’un de mes derniers James Bond préféré…

Je passe sur Spectre, qui, hormis sa fabuleuse scène d’ouverture pendant le jour des morts à Mexico, m’a incroyablement déçue pour deux raisons : d’abord pour avoir complètement sous-employé Christoph Waltz en méchant, et ensuite, vous l’aurez compris, pour Léa Seydoux, ce qui fait que je n’attends pas vraiment No time to die avec autant d’impatience qu’on le pourrait…

Il y avait néanmoins quelque chose que j’attendais avec impatience en 2020, c’était la sortie du livre dont je vais parler maintenant.

Tour du monde avec James Bond

Il s’agit donc d’un ouvrage dont la publication était initialement prévue pour avril 2020. J’avais vu passer l’information sur Twitter, et j’avais ajouté le livre dans ma liste de lectures.

Sa sortie retardée ne m’a, pour le coup, que donner plus envie de l’avoir entre les mains. Enfin, dès sa publication le 7 octobre 2020, je l’ai commandé.

Il s’agit, comme vous pouvez le voir ci-dessus, de Bons baisers du monde, de Guillaume Evin et Laurent Perriot, aux éditions Dunod.

Tant pour la publication de l’ouvrage que pour le livre en lui-même, il s’agit, de mon point de vue, d’un coup de maître de la part des auteurs et de l’éditeur.

D’abord, parce qu’en dépit de la sortie maintes fois retardée du dernier film, ils ont créé un compte Twitter et un compte Instagram qui n’a cessé de donner envie de s’évader et de découvrir les lieux de tournage de James Bond – et dans une période de confinement où les voyages n’étaient pas vraiment à l’ordre du jour, il fallait le faire :

Ensuite, parce qu’une fois cet atlas si particulier entre les mains, il est effectivement difficile de le lâcher.

On y retrouve un chapitre pour chaque film, avec une fiche technique, un aperçu du contexte du film et du tournage et l’itinéraire détaillé des personnages durant le film. On s’amuse donc à découvrir ou redécouvrir les lieux en question et à s’évader en suivant leurs traces.

Exemples avec Goldfinger :

Personnellement j’ai adoré suivre l’itinéraire de Sean Connery, Pierce Brosnan et Daniel Craig, sur les cartes proposées dans chaque chapitre, et cette escapade aux quatre coins du monde m’a vraiment dépaysée…

… comme j’espère qu’elle vous dépaysera et vous permettra de profiter pleinement de l’été à venir, pour des voyages qui iront au-delà des salles obscures !

Je vous souhaite un très bel été et vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !

BD et cinéma (épisode 2)

Pourquoi « épisode 2 » ? J’avais déjà consacré il y a un petit moment un article à une bande-dessinée qui évoquait le cinéma : La Parole du muet.

En effet, les rencontres entre septième et neuvième arts, si elles restent relativement rares, n’en demeurent pas moins fascinantes. Et encore, relativement rares… seulement d’un côté : disons que chacun de ces deux arts a tendance à observer l’autre.

Bandes-dessinées et story-boards

La bande-dessinée emprunte au cinéma l’idée de scénario et de mouvements, ce dynamisme et cette énergie qui font passer d’une case à l’autre sans que le lecteur s’en rende compte.

Le cinéma emprunte à la bande-dessinée le story-board, qui permet de planifier l’ensemble des plans qui constitueront le film.

Je renvoie les intéressés à l’exposition en ligne de la Cinémathèque française consacrée au story-board.

Storyboard de Psychose, la scène de la douche, réalisé par Saul Bass, également auteur du générique

Voici en outre quelques petites pépites glanées dans mes recherches :

Si j’avais déjà évoqué BD et cinéma, il ne me semble pas avoir déjà parlé de storyboard, mais ce n’est cependant pas le sujet de cet article…

Reprenons : les BD empruntent au cinéma le mouvement, le cinéma emprunte à la bande-dessinée le découpage.

En revanche, si l’on retrouve un certain nombre d’adaptations (plus ou moins heureuses) de bandes-dessinées au cinéma, le cinéma est, à ma connaissance, encore relativement peu abordé dans la bande-dessinée.

Hormis les références proposées par le génial Gotlib dans ses Dingodossiers et autres albums, la première fois que j’ai pu lire un scénario de bande-dessinée consacrée au septième art, c’était avec cette fameuse Parole du muet que j’évoquais plus haut.

La collection 9 ½ de Glénat

Et puis j’ai vu apparaître cette collection chez Glénat : la collection 9 ½.

Sur le site de l’éditeur, elle est décrite comme suit :

Collection de romans graphiques consacrée aux grandes figures du cinéma : réalisateurs et acteurs. Co-dirigée par Noël Simsolo, éminent spécialiste du cinéma et auteur d’ouvrages de référence sur le sujet, cette collection offre à la fois un panorama large de l’histoire du cinéma aux lecteurs et une totale liberté de création aux auteurs qui y participent, puisque la pagination et le traitement graphique des ouvrages sont libres.

Les deux premiers ouvrages publiés n’ont pas vraiment retenu mon attention : il s’agissait d’albums sur Sergio Leone puis sur Lino Ventura.

Le troisième, consacré à Hitchcock, m’a presque tentée. Je me souviens l’avoir feuilleté, hésitant à l’acheter. J’avoue que c’est le style du dessin qui m’a freinée.

Quand je lis une bande-dessinée, hormis les « madeleines » de l’enfance que sont les classiques franco-belges (Astérix, Tintin, Lucky-Luke, Gaston Lagaffe, Blake et Mortimer…), j’ai besoin d’être attirée par le travail du dessinateur.

Pour Hitchcock, si le choix du noir et blanc m’avait séduite, il n’y avait pas eu de déclic supplémentaire  qui m’aurait convaincue. Cependant, j’avais constaté qu’enfin, une collection de bandes-dessinées (ou de romans graphiques si vous préférez) se consacrait exclusivement au septième art, co-dirigée par Noël Simsolo.

Le nom me disait quelque chose, je décidais d’aller à la pêche aux informations :

Né en 1944, le curriculum-vitae du monsieur est assez impressionnant. Critique cinématographique, scénariste de bande-dessinée (justement), auteur d’essais. C’est là que je le retrouve, notamment auteur d’un ouvrage sur Clint Eastwood paru aux éditions des Cahiers du cinéma, et d’un Dictionnaire de la Nouvelle vague publié en 2013 chez Flammarion.

Metteur en scène de théâtre (et acteur), intervenant à la radio (et producteur), également auteur de romans (avec une prédilection pour le polar), acteur pour le cinéma et la télévision, réalisateur et scénariste, bref Noël Simsolo est une espèce de touche-à-tout hyperactif.

De quoi susciter mon intérêt.

Et voilà qu’en août 2020, visitant l’exposition Louis de Funès à la Cinémathèque française, je tombe à la librairie devant le dernier ouvrage publié dans la collection 9 ½ de Glénat.

François Truffaut : personnage de bande-dessinée ?

Après Sergio Leone, Lino Ventura et Hitchcock, c’est à François Truffaut que cette collection avait décidé de consacrer un album.

Je guette régulièrement les ouvrages – fictions ou documentaires – qui décident d’aborder la vie ou l’oeuvre de François Truffaut, le dernier d’entre eux ayant fait l’objet d’un article sur ce site était L’Amie américaine de Serge Toubiana, qui reste l’un de mes meilleurs souvenirs de lecture pour l’année 2020.

En tenant entre les mains l’album publié chez Glénat, en le tournant et le retournant, je n’ai pas pu m’empêcher d’être quelque peu réticente. Néanmoins, ma collectionnite aiguë a eu le dernier mot, et je suis ressortie de la Cinémathèque avec le François Truffaut, signé Simsolo pour le scénario et Marek pour le dessin et paru le 19 août 2020.

Un mot tout d’abord sur la couverture : elle est assez synthétique et a le mérite de faire apparaître trois éléments significatifs du cinéma de Truffaut : déjà Truffaut lui-même (au second plan), les jambes des femmes (au premier) et une Tour Eiffel en arrière-plan.

Le cinéphile averti reconnaîtra ces trois éléments et saluera le pouvoir évocateur de cette couverture. Et ensuite ?

Eh bien j’avoue n’avoir été convaincue ni par le dessin ni par le scénario.

Rendez-vous manqué

Laissons de côté le dessin, qui est une affaire beaucoup trop subjective : on accroche ou non à un style, à un trait, au travail d’un dessinateur. Je ne remets absolument pas en question la qualité du travail de Marek, simplement je n’ai pas eu de coup de coeur pour son dessin.

Concernant le scénario, qu’est-ce qui m’a interpellé ?

L’ouvrage s’ouvre sur la fameuse cérémonie des Césars du 31 janvier 1981, un triomphe pour Truffaut, qui avait tout raflé pour son film Le Dernier métro : dix Césars, record toujours inégalé :

Fin de la cérémonie, Truffaut prend un taxi et demande au chauffeur de l’amener à la Tour Eiffel. Puis, flash-back en 1941, pendant l’Occupation et l’enfance de Truffaut.

Au fil des pages, le scénario multiplie les allers-retours entre l’enfance et la jeunesse de Truffaut, et la suite de sa carrière.

Autant le dire : pour quelqu’un pour qui la filmographie de Truffaut et sa carrière, justement, n’ont pas de secret, et qui s’est intéressé de près à sa vie, c’est déjà compliqué de suivre ces allers-retours.

Qu’importe, on suit, on se concentre sur l’évocation des différents personnages qui ont croisé sa route, on parvient vaille que vaille à raccrocher tel événement à telle année. On ressort de la lecture de l’album avec une synthèse très rapide (trop rapide ?) de la vie et de l’oeuvre du cinéaste.

Mais le néophyte ? Celui pour qui cette bande-dessinée est la première confrontation au cinéma de Truffaut. Vous me direz, il doit être rare. L’amateur de bande-dessinée ne va peut-être pas spontanément choisir une BD consacrée à un réalisateur qu’il ne connaît pas sur le bout des doigts sans se documenter un minimum en amont.

C’est pourtant cette impression qui a prédominé après ma lecture. Je me suis demandé ce que conserverait de cette lecture quelqu’un qui n’aurait pas la même connaissance que moi de l’univers de Truffaut. Ma réponse était malheureusement : pas grand chose.

La BD conviendra aux aficionados de Truffaut, et encore. Si l’on avait voulu dépasser ce cercle, on aurait éventuellement accompagné la filmographie, présente en fin d’ouvrage, d’une petite chronologie explicative à laquelle le lecteur aurait pu se référer…

Ce n’est cependant que mon impression, je vous laisse sur le site de Glénat découvrir les premières pages, et si le coeur vous en dit, vous faire votre propre opinion.

Du coq à l’âne (ou presque)

Refermant cette bande-dessinée et essayant de me plonger dans autre chose, j’ai attrapé l’un des ouvrages qui se trouvait sur ma pile de lectures.

Ouvrage n’est pas tout à fait le terme exact. Il s’agissait d’un numéro de la revue Schnock qui m’avait été envoyé par les éditions La Tengo.

La Tengo fait partie de ces maisons d’éditions que j’essaye de surveiller lorsque je suis en panne d’inspiration pour mes articles cinéphiles, et qui publie à intervalles réguliers certaines œuvres de Philippe Lombard.

J’ai découvert La Tengo avec Ça tourne mal ! et c’est avec cette lecture que j’ai fait le rapprochement avec Schnock, que je croisais déjà fréquemment en librairie, assez amusée par les couvertures et toujours à deux doigts d’être tentée de prendre un abonnement.

Quel rapport avec la BD ? Il est assez éloigné, je l’avoue. Je profite juste de cette occasion pour toucher deux mots de cet OVNI.

Donc Schnock, c’est une revue de cinéma/chanson/télévision/bande-dessinée. Une espèce de pot pourri assez jouissif (et jouisseur) qui a pour slogan « La revue des vieux de 27 à 87 ans ».

Avant de recevoir ce numéro 33 qui est en grande partie consacré à Lino Ventura (mais pas que), j’avais vu passer en librairie le numéro sur Jean-Pierre Marielle, celui sur Gainsbourg, et celui sur Depardieu.

J’ai depuis farfouillé pour comprendre un peu plus ce drôle de phénomène, et je suis tombée sur un article des Inrocks :

Fondée en mai 2011, la revue éditée par les éditions La Tengo bénéficie d’un accueil favorable, et rassemble plus de 10 000 lecteurs par numéro, un joli score pour un nouvel arrivant dans une économie de l’édition touchée par la crise. Comme un pied de nez à notre société bienséante, après Coluche, Jean Yanne et Serge Gainsbourg, le trimestriel Schnock affichait pour son douzième numéro l’humoriste Pierre Desproges en couverture. Un carton ! Quelques milliers d’exemplaires supplémentaires ont été réimprimés pour l’occasion…

Depuis son premier numéro sur Jean-Pierre Marielle publié en 2011, la revue est publiée dans son format mook (entre le livre et le magazine) quatre fois par an, chaque numéro coûtant une quinzaine d’euros. Le dernier en date de mars 2021 est consacré à Henri Salvador.

Dans mon fameux numéro 33, avec sa couverture tonton flingueur et ses articles illustrés qui, pour le coup, m’ont bien fait penser à un format BD, j’ai trouvé un panorama des publicités de cigarettes – bien après que Bogart les surnomme les clous du cercueil, mais bien avant les campagnes anti-tabac – un dico Schnock de Lino Ventura (bien chouette), des tops, des interviews, Yves Simon, Marcel Bluwal, Popeck… bref un vrai bain de nostalgie qui m’a donné la banane pour un petit moment.

Et une autre bande-dessinée sur le cinéma ? Et bien ça attendra !

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