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Remettre en route l’atelier journal

Voici un petit article sur les quelques activités que j’ai eues hier et aujourd’hui afin de préparer la première séance de l’atelier journal demain soir. En effet, depuis six mois, nous tentons, avec mon collègue CPE, de faire paraître plus ou moins régulièrement le Mermoz News.

Information

Nous comptions l’année dernière 7 membres : un sixième, deux cinquièmes, une quatrième et trois troisièmes. Un petit groupe plus enthousiaste qu’organisé, et c’est en partie de ma faute, parce que je les ai lancés dans la fabrication d’un journal sans vraiment établir des objectifs ou fixer des règles…

Il n’est donc pas étonnant que nos journalistes en herbe fussent davantage des adeptes du copier-coller et des images à tout va, même si nous repassions toujours derrière eux pour la correction et la mise en page.

Les résolutions de l’atelier journal

Tout cela pour dire que j’ai souhaité repartir sur de nouvelles bases :

  • Proposer une mise en forme pré-formatée et plus rapide (qui permettrait aussi aux élèves d’écrire plus régulièrement, du moins je le souhaite). J’ai donc créé un blog où les élèves pourront publier au fur à mesure, sur le Web pédagogique. A partir des articles mis en ligne, mon collègue et moi pourront travailler à la mise en page d’un journal papier, en sélectionnant les articles les plus récents.

Voici le squelette de ce blog : http://lewebpedagogique.com/mermoznews/

  • Former dès la première séance les élèves à une écriture et une déontologie journalistique. Je me suis appuyée pour cela sur deux documents du CNDP, disponibles sous format PDF, ainsi que sur le site du CLEMI, et sur les articles de Wikipédia traitant de la déontologie du journaliste. Cela a abouti à ce document :

Recette du journal du collège

J’y donne les principaux ingrédients d’un bon journal, et je fais un bref rappel de la structure d’une Une de presse.

Le Mermoz News a réussi à sortir trois numéros l’année dernière, entre février et juillet. J’ose espérer que nos journalistes garderont le même enthousiasme et seront plus à l’aise dans l’écriture de leurs articles.

Sources et ressources

Bourdonnements d’abeille

Gérard JOYON

Gérard JOYON

« La vie moderne autorise les voyages, mais ne procure pas d’aventure. »

C’est une amie à qui je parlais de mon intention de faire un petit bulletin d’informations hebdomadaire pour le collège, qui m’a envoyé cette citation de Mermoz. En effet, je voulais trouver un nom pour cette feuille, et un nom en relation avec le nom du collège, Jean Mermoz : mot valise ou jeu de mots, peu importe, mais quelque chose qui accroche.

Evidemment, quelques mots valises me sont venus à l’esprit, mais : « Mermozades » était déjà utilisé par mon prédécesseur pour mettre en valeur des bandes dessinées dans le CDI. Il organisait des « Mermozades » avec les élèves qui choisissaient une bande dessinée du fond, celle-ci devenant la BD du mois. Les « Mermoziennes » me paraissait trop féminin. De toute façon, je voulais aussi quelque chose qui sous-entende la rapidité, le flux, la circulation de l’information. J’en étais à « Mermoclic » quand j’ai commencé à en discuter avec l’amie citée plus haut.

Elle m’a alors indiquée que les lettres de Mermoz avaient été regroupées sous le magnifique titre Défricheur du ciel. C’est sans doute l’une des plus belles métaphores de voyageur qui existent, selon moi, et elle me rappelle ce poème en prose de Baudelaire, « La Soupe et les nuages », dans le recueil des Petits poèmes en prose :

Ma petite folle bien-aimée me donnait à dîner, et par la fenêtre ouverte de la salle à manger je contemplais les mouvantes architectures que Dieu fait avec les vapeurs, les merveilleuses constructions de l’impalpable. Et je me disais, à travers ma contemplation : « Toutes ces fantasmagories sont presque aussi belles que les yeux de ma belle bien-aimée, la petite folle monstrueuse aux yeux verts. »

Et tout à coup je reçus un violent coup de poing dans le dos, et j’entendis une voix rauque et charmante, une voix hystérique et comme enrouée par l’eau-de-vie, la voix de ma chère petite bien-aimée, qui disait : « Allez-vous bientôt manger votre soupe, sacré bougre de marchand de nuages ? »

Marchand de nuages… Défricheur du ciel… D’où la suggestion : Pourquoi ne pas appeler ce bulletin Défricheur du Net ? Même si l’idée était tentante, j’avais peur que les collègues ne saisissent pas l’allusion. Et puis il aurait, pour moi, fallu mettre l’expression au féminin, et défricheuse, je trouvais ça moins joli.

Mais du coup je me suis dit : pourquoi ne pas regarder les expressions du Net : clic, flux, fil, lien, etc. Fil, je l’utilise déjà pour le Fil culture. Et là, je tombe sur BUZZ. Je ne me rappelais plus de BUZZ. J’ai trouvé que le Buzz de Mermoz, avec tous ses ZZZZZ, c’était chouette. Allons-y pour le buzz de Mermoz.

Du coup, cet après-midi, j’ai envoyé par mail le premier numéro. Une simple feuille, avec trois petites parties :

  • D’abord, le programme du CDI pour la semaine suivante : séances et projets prévus, éventuelles fermetures, ateliers.
  • Ensuite, l’actualité de la semaine en cours (en gros, un peu de lecture pour le week-end) en éducation et culture. Je m’appuie pour l’éducation sur Eduscol, le Café pédagogique, le CRDP, le site du Ministère et de l’académie, les Chroniques éducation de Philippe Watrelot. Pour l’actualité culturelle sur le Net, j’utilise aussi le CRDP, Culture.fr, et la chaîne culturelle du Monde.
  • Enfin, tout en bas, l’inévitable rappel des sites du CDI et de Cinephiledoc.

Et voilà le premier numéro, tout chaud sorti du clavier :

Buzz de Mermoz 1

Les restrictions nécessaires

Question : Quel est le comble pour une internetophile ?

(Il faut comprendre, dans ce terme pour le moins barbare et plus ou moins valise, qu’il s’agit d’une personne qui utilise quotidiennement Internet, aussi bien dans un cadre professionnel que personnel, qui laisse des traces numériques visibles et qui n’est pas réfractaire, loin de là, à l’usage pédagogique d’Internet et de ses multiples outils)

Réponse : C’est de devoir, pour des raisons pratiques et de santé mentale, restreindre l’accès de ces chers petits digital natives qui forment son public.

Utiliser Internet dans le cadre de pratiques pédagogiques, c’est désormais recommandé, voire même nécessaire, lorsque l’on ne veut pas se déconnecter – c’est le cas de le dire – des usages des élèves. Et lorsque l’on se déconnecte de leurs pratiques, on est entraîné dans un cycle infernal qui, selon moi, nous conduit de l’incompréhension à la désaffection et de la désaffection à l’amertume. La question se pose cependant dans le cadre d’un usage libre d’Internet pour des élèves de collège.

Mon prédécesseur observait des règles très strictes concernant l’utilisation des ordinateurs au CDI. La première semaine, j’ai voulu tenter l’expérience d’autoriser Internet pour deux usages :

  • les recherches demandées par les enseignants des autres disciplines – cela incluant, malheureusement pour mon imprimante, les immanquables recherches d’images pour décorer les premières pages de cahier ;
  • les jeux éducatifs, bien que j’ai dû sur le tas trouver des sites adéquats pour les matières scientifiques.

Malgré ces restrictions, qui m’ont épargné les questions habituelles du type : « On peut aller sur Facebook ? », j’ai été confrontée à deux problèmes : le temps limite de consultation et le comportement appelé communément « je-vais-profiter-que-la-dame-a-le-dos-tourné-pour-jouer-à-Angry-Birds« , et que j’appellerais « l’extension du domaine de recherche ». Pour le premier problème, je me suis souvenu que dans certaines bibliothèques, les ordinateurs s’éteignent automatiquement au bout d’un certain temps d’utilisation. Pour le second, une extinction manuelle et immédiate de l’ordinateur incriminé est requise, en l’absence de logiciel de surveillance (type ITALC), qui, tel l’oeil de Moscou, coupe court aux vagabondages numériques.

La solution que j’ai finalement choisie s’élabore au fil du temps. Primo, je restreins l’accès aux jeux éducatifs aux semaines avant et après les vacances. Secundo, je prévois d’amener un compte-minute pour effectuer un roulement entre les chanceux qui font des maths sur l’ordi et les envieux qui salivent sur les chaises en attendant. Tertio, pour les recherches, en attendant mieux, je propose en priorité un livre. Si je n’ai pas de ressources sur le sujet, j’autorise la recherche en ligne.

Ai-je freiné une addiction ? Ai-je créé un manque ? Je prive les élèves d’un outil dont j’aurais moi-même du mal à me passer : je consulte régulièrement mes mails, j’essaye de me tenir informée de l’actualité en général et de celle de ma profession, quand on me parle d’un sujet, je ne résiste pas à l’envie d’en savoir plus, et je pousse même le vice jusqu’à écrire sur ces pratiques. Si je lis cet article paru sur Internet Actu et le rapport vers lequel il renvoie (en anglais) :

Associating Depressive Symptoms in College Students with Internet Usage Using Real Internet Data

dois-je me faire des cheveux blancs, m’inquiéter pour ma santé mentale, ou tout simplement assumer ?

Restreindre l’accès à Internet est pour moi tout sauf une solution idéale, mais avant de le rendre à nouveau accessible aux élèves, j’ai besoin de cadrer cet accès à la fois par des apprentissages – une progression à l’année dans des connaissances et des compétences info-documentaires – et par des pratiques numériques qui ne sont pas encore clairement établies : communication interne et externe systématique, veille professionnelle, mise en place d’outils numériques à destination des élèves.

Patience et longueur de temps…

Médias et politique

« Achetez la presse, et vous serez maîtres de l’opinion, c’est-à-dire les maîtres du pays. »

J’aurais pu, lors d’une séquence sur les médias et la politique, donner cette citation d’Adolphe Crémieux aux élèves. Faire travailler les élèves sur les Unes de presse, et plus généralement sur le traitement de l’information, était l’une de mes attentes avant de devenir professeur documentaliste. La Semaine de la presse et des médias à l’école est généralement l’occasion à ne pas manquer pour effectuer ce travail. Et lorsque cette Semaine, prolongeable à souhait, coïncide avec le dernier mois de campagne présidentielle, c’est inespéré !

Entre le 24 mars et à peu près maintenant, avec une collègue d’histoire-géographie, nous avons construit une séquence d’ECJS autour de la relation entre médias et politique pour ses élèves de première ES.

Pendant une première heure, nous avons utilisé comme point de départ l’étude des partis politiques, en donnant à chaque groupe d’élèves le nom d’un parti engagé dans la campagne présidentielle. C’est l’occasion de voir de quelle manière un parti politique se met en image sur Internet. L’outil de comparateurs de programmes proposé par le site du Monde, permet en outre de voir les questions mises en avant par tel ou tel candidat.

A l’issue de cette première heure, les élèves effectuent une recherche d’une heure sur la collusion entre presse et politique, en prenant appui sur la notion de « quatrième pouvoir ». Ils s’intéressent aux modes de financement de la presse, à la relation entre presse et démocratie, puis comparent les différentes Unes de quotidiens nationaux. L’exercice peut être prolongé par l’étude des sites Internet de ces journaux. Sur la presse papier, on étudie la mise en page, l’utilisation des différentes zones composant la Une (voir à ce sujet la fiche InterCDI du n°235), les slogans, les sujets traités et les images proposées. Sur le site Internet, on étudie l’ergonomie du site et les « plus » apportés par rapport au journal.

Durant la troisième heure de cette séquence, le professeur d’histoire-géographie choisit d’approfondir le lien entre médias et politique dans le cadre d’un débat. Le thème retenu : « Doit-il y avoir un lien entre médias et politique ? » Un élève préside la séance, un autre élève note les interventions de ses camarades au tableau. A partir du rappel des définitions de « média » et de « politique », le but est de conduire les élèves aux notions de censure et de propagande, déjà abordées en histoire, tout en donnant de ces notions des exemples concrets. En fin de séance, on peut choisir plusieurs pistes de réflexion :

– les relations historiques de la presse et de la politique (les zones censurées des journaux au 19e siècle, l’affaire Dreyfus, les scandales : Watergate, mises sur écoute des journalistes, pays où la liberté de la presse est menacée…)

– la question de la réinterprétation et de la déformation des faits. J’utilise pour cela une anecdote rapportée lors de l’émission Arrêt sur images en octobre 2010. Un jeune homme d’origine arabe s’était fait passer, par téléphone, auprès d’un journaliste du Point, pour une femme mariée à un polygame. Le journaliste, sans vérifier l’identité de son « interlocutrice » et sans se déplacer, avait publié un article restituant le témoignage, en ajoutant des détails sur l’aspect physique du « témoin ». Cette anecdote interpelle les élèves sur la nécessité de vérifier les sources, sur les nouvelles conditions de travail du journaliste, forcé de trouver et de traiter les sujets « à la minute » et sur la confiance à accorder aux médias d’information (voir à ce sujet l’expérience de Milgram, celle du « Jeu de la mort », etc.)

– l’utilisation des réseaux sociaux comme source d’information (Twitter, Facebook). Cette question permet d’amorcer un travail sur l’identité et les pratiques numériques. On étudie y l’utilisation de la toile par les hommes politiques selon les mêmes modalités que l’observation des partis politiques en début de séquence.

Cette dernière piste montre aux élèves à quel point les supports d’information sont diversifiés et de quelle manière ils reflètent les modes de vie d’une société – voir les théories de Marshall McLuhan sur le passage d’une « galaxie Gutenberg » à « l’ère numérique » d’un « village global ».

Du flash à la trace, dis-moi comment tu t’informes, je te dirai qui tu es…

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