Archives_nationales_(Paris)_Hôtel_de_Soubise

Au programme de la journée d’hier : sortie avec une classe d’élèves de cinquième aux archives nationales. On arrive à Paris station Saint Michel, marche le long des quais de Seine, petit détour pour entrer dans Notre-Dame – programme d’histoire de cinquième oblige, et la vieille dame fêtant ses 850 ans, il faut bien s’arrêter pour lui rendre hommage. En gros, petit itinéraire avant d’arriver aux archives :

Saint michel archives

Au menu de cette sortie, présentation aux élèves du lieu, les archives nationales, et de certaines pièces des collections, ainsi qu’un atelier d’enluminures.

Situé rue des Francs-Bourgeois, le site est très impressionnant : deux anciens hôtels particuliers, ayant appartenu à deux grandes familles de France apparentées, les Soubise et les Rohan. Devenus propriétés de l’Etat à la Révolution, l’un a été d’abord dévolu aux archives, l’autre à l’imprimerie nationale. Différentes ailes ont été ajoutées aux bâtiments principaux pour pallier l’arrivée constante des documents.

Les archives nationales regroupent en effet tout ce qui a trait à l’histoire politique, domaniale, financière et judiciaire de la France, avec des textes datant, pour les plus vieux, du VIIe siècle. Elles ont pour missions la collecte, le classement, la conservation, la restauration, la communication et la valorisation des archives publiques des services centraux de l’État. Les documents sur les arts et les sciences sont conservés par la Bibliothèque Nationale de France, le ministère de la Défense et celui des affaires étrangères ont leur propres centres d’archives. A l’exclusion de ces deux ministères, tous les autres font dépôt de leurs documents aux archives nationales. Etant donné que l’on considère la consultation des documents liés à notre histoire comme un droit, un espace au coeur du site est exclusivement dédié à la lecture : il s’agit du CARAN (centre d’accueil et de recherche des Archives nationales).

401px-Archives_nationales_(Paris)_la_galerie_du_Parlement_(Grands_Dépôts)

Les documents sont conservés dans ce qu’on appelle les « grands dépôts ». En hiver, la température est polaire, évidemment pour des raisons de bonne conservation. Les fenêtres sont occultées pour les mêmes raisons. Lorsqu’on y met les pieds, on a une impression de vertige. On se croirait dans la bibliothèque de Poudlard. Les textes sont conservés dans des boîtes à archives et dans des pochettes, sur des kilomètres et jusqu’au plafond. Le classement est thématique et chronologique. Sur les boîtes, généralement, une lettre pour distinguer le thème, un numéro (mais qui ne correspond pas à l’année du document), avec parfois une astérisque (???) et des gommettes – pour mettre en avant les documents les plus consultés, donc à restaurer…

Lors de l’atelier enluminures, on apprend à distinguer les différents supports d’écriture au Moyen-âge, comment l’on fabrique le parchemin, les écritures : caroline, gothique, et l’on apprend à dessiner sur un vrai parchemin (un dragon pour les uns, un dauphin faisant polémique pour les autres : le dauphin a des dents et une barbichette proéminente). Plume et encre, or en poudre (ça impressionne), pigments de couleurs. Chacun repart avec son parchemin.

Enfin, les archives présentent des éléments de leurs collections. A nouveau programme de cinquième oblige, les documents présentés sont du Moyen-âge, écriture caroline ou gothique, lettrines et enluminures, sceaux. Quand on voit ces documents, et quand on pense à tous ceux qui sont conservés : le procès des Templiers, l’édit de Nantes, le journal de Louis XVI, le testament de Napoléon, la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, le serment du Jeu de Paume, les Constitutions successives de la France, on retient son souffle.

Edit de Nantes

Evidemment, ce qui titille les élèves, c’est la comparaison attendue entre le CDI et les archives. Je suis, selon eux « professeur du CDI », donc forcément, j’aime les vieux livres, les endroits où on grelotte. Je leur dis que j’ai une maison et différents équipements numériques ainsi qu’un compte facebook – non je n’ai pas connu la seconde guerre mondiale – ou je leur laisse croire que tous les soirs je déplie mon hamac dans la réserve du CDI ?

Les clichés ont la vie dure : forcément quand on est documentaliste, on aime les vieux livres qui sentent le renfermé, la poussière et les bibliothèques avec des échelles. Heureusement, il y a une vie en dehors du CDI, et de la vision qu’on en a.

Pour plus d’infos, voir la visite virtuelle des archives, le site du Musée et le site des archives.