Aujourd’hui a eu lieu la première séance de mon atelier cinéma / ciné-club avec les élèves. Cet atelier étant pour moi un vieux rêve, j’étais impatiente de l’organiser et de voir quelles réactions il allait susciter. Pour cette première séance, j’avais choisi comme créneau horaire une heure sur la pause déjeuner, de 12h30 à 13h30, mais à cheval sur les deux services de restauration. Je n’avais fixé aucune restriction d’accès, je voulais voir combien de personnes seraient réellement alléchées par l’affichage…
L’horaire n’était pas très pratique : certains élèves finissent à 11h30 et vont directement manger. Ils restent dans le réfectoire jusqu’aux alentours de 12h15 et reprennent à 13h (mais la sonnerie est à 12h50). J’ai à peu près la même pause déjeuner qu’eux et vais les chercher dans la cour. Le temps de les installer, ils ne profitent de l’atelier que pendant 20 minutes, à peine. Les autres élèves finissent à 12h30 et reprennent à 14h (ils mangent jusqu’à 12h15). Ils peuvent venir au CDI entre 13h et 13h20. Ils profitent donc de 10 minutes de plus que leurs camarades. Je dois trouver une solution plus pratique, et pouvant satisfaire davantage de personnes.
Au programme de cette séance : deux courts-métrages de Chaplin, « Une journée de plaisir » et « Une idylle aux champs » et deux dessins animés de Tex Avery : « Der gross méchant loup » et « Oiseau du matin, chagrin ». En fait, j’ai alterné les deux. Sur le premier horaire (12h30-12h50), une quinzaine d’élèves, surtout de troisième. Sur le second (13h10-13h50), j’ai atteint une vingtaine, avec en majorité des élèves de sixième.
Ce qui m’a surpris le plus, c’est que je n’ai eu aucune remarque du style « c’est en noir et blanc, c’est muet, c’est vieux », ni aucun départ prématuré une fois les films lancés. Ils explosent de rire – c’est un bonheur à entendre, ça illumine la journée – au moindre gag de Charlot. Que l’humour de Chaplin soit universel et intemporel, je le savais déjà.
« Charlot est un personnage mythique qui domine chacune des aventures auxquelles il est mêlé. (…) Pour des centaines de millions d’hommes sur la planète, Charlot est un héros comme l’était pour d’autres civilisations Ulysse » (André Bazin).
Certaines scènes des Temps modernes ou du Cirque – parmi mes films préférés – me font toujours rire même si cela fait trente fois que je les vois. Quand il lutte contre les machines, les objets du quotidien ou contre les gens, j’ai l’impression que mes batailles avec la photocopieuse sont beaucoup moins tragiques que je ne le crois. D’ailleurs, effet de comique supplémentaire absolument véridique : les fenêtres de mon CDI ont des barreaux. Pendant la projection d’une « Idylle aux champs », un petit de sixième qui était à l’extérieur s’y est coincé la tête en voulant regarder à l’intérieur, sur l’écran. Attroupement, cris, rires, tentatives finalement heureuses pour le dégager, je me suis dit que le gag avait débordé de l’écran…
A la fin de cette séance, quand je demande ce qu’ils ont préféré, de Chaplin ou de Tex Avery, ils répondent tous Chaplin, d’une seule voix, malgré les poursuites, les bruits et les gags de Tex Avery. Je les ai observé pendant toute la projection : attentifs, chuchotant comme jamais, les yeux fixés sur l’écran et éclatant de rire à chaque collision, à chaque bagarre, à chaque rébellion d’objet, de la voiture à la chaise longue.
La plupart m’a demandé quand aurait lieu la prochaine séance – j’ai été tentée de répondre « Le plus vite possible, c’est super ! ». Sans doute la semaine prochaine, mais je veux résoudre ce problème d’horaire. Je veux aussi afficher un programme très clair pour chaque séance. J’aimerais aussi rendre ce CDI transformé pour un temps en salle de projection, plus confortable, avec des coussins ou des couvertures que j’installerais avant chaque session (mais cela attendra janvier et un nouveau budget, ou que je succombe à la tentation et achète ça sur mes propres deniers…).
Séance 2 : Méliès et Laurel et Hardy.