On le guettait, on l’espérait depuis des mois… depuis les inévitables affiches et bandes annonces qui ponctuaient l’attente : cet après-midi, j’ai vu Le Hobbit, de Peter Jackson. En tout cas, la première partie de sa trilogie : Un voyage inattendu. Evidemment, l’une des réserves que l’on pouvait émettre – et que beaucoup ont émise – c’est la transformation d’un roman assez court en un film en trois parties. Avec Le Seigneur des anneaux, la chose se justifiait d’elle-même : trois volumes, La Communauté…, Les Deux tours, Le Retour du roi. Avec Le Hobbit, avant d’avoir vu cette première partie, on est tenté de crier au prétexte commercial, ou, pour être plus gentil, à l’envie de faire durer le plaisir.
Pour ma part, je pense qu’il y a deux sortes de spectateurs du Hobbit : ceux qui ont grandi avec les adaptations du Seigneur des anneaux, qui ont vu et revu la trilogie, que les trois films ont conduit à la lecture du roman (ou vice versa) et qui en savourent les anecdotes et les dédicaces, depuis « Christopher Lee est le seul à avoir connu Tolkien » jusqu’à certains épisodes de The Big bang theory. Et puis il y a les autres, oserais-je dire les plus jeunes. Ceux qui vont aller ou sont allés voir cette première partie par curiosité et qui vont, ou non, accrocher.
Je fais partie de la première catégorie. J’ai vu et revu Le Seigneur des anneaux. J’ai mes personnages de prédilection (Merry et Pippin, Gandalf, Gimli, Galadriel, Aragorn, Elrond, Eowyn), d’autres que j’apprécie moins, et qui sont plus ou moins liés au comédien qui les incarne, même si j’ai aussi lu et relu le roman. Dire que j’attendais Le Hobbit avec impatience est un euphémisme, bien que ma lecture de ce roman de Tolkien soit un peu plus floue que celle du Seigneur des anneaux.
Mais globalement, je n’ai pas été déçue du voyage. Bien-sûr, il y a quelques petites facilités qui déconcertent dans ce film, comme le souligne très bien Gillossen dans sa critique sur Elbakin, surtout la scène de combat avec les gobelins qui rappelle quasi plan pour plan la scène de fuite dans la Moria. On a parfois l’impression que l’on est davantage dans la contemplation de l’action, et dans sa préparation, que dans l’action elle-même. Mais pour ceux qui font partie de ces fans « première génération » qui ont vu LOTR, on a juste l’impression de retrouver un univers familier, qu’après tout, on est heureux de retrouver : mêmes paysages à couper le souffle, même musique captivante, mêmes comédiens qui nous ont éblouis : Ian McKellen, Cate Blanchett, l’excellent Christopher Lee…
Les premières scènes sont magiques, avec leur évocation du royaume d’Erebor et de l’arrivée de Smaug, le tour de force étant de ne jamais montrer du dragon que son ombre et ses flammes… il est une menace qui plane et qui s’endort durant tout le film, pour mieux s’éveiller et nourrir notre attente de la suite à la fin de ce premier volet.
Ce dernier tient ses promesses, malgré quelques longueurs. On achète. La scène avec les trolls est très réussie. On prend plaisir à retrouver Rivendell et à rencontrer Radagast, personnage crucial et néanmoins absent du Seigneur des anneaux, et celui-ci apporte l’un des éléments d’humour, parmi d’autres, qui nous rappelle qu’à la base, il s’agit d’un livre de littérature jeunesse. En gros, tous ces êtres, ces animaux, ces évènements, sont aussi des beaux diamants dans un bel écrin.
La scène que je guettais, pour laquelle j’avais le plus d’impatience, c’était évidemment la confrontation de Bilbo et de Gollum. Pour moi, il s’agit de la scène du film la plus réussie, et l’on y ressent très bien, comme dans le roman, cette tension entre la farce et la terreur. D’un côté la créature maudite, aux yeux ronds comme des billes, qui est toute à la surprise de revoir un être humain et de « socialiser » avec lui – même si le but ultime de la manoeuvre est de le dévorer. De l’autre, ce « cambrioleur » maladroit qui a mis la main sur un trésor – il ne sait pas encore lequel – et qui veut à tout prix saisir n’importe quelle chance, à la rigueur un jeu d’énigmes, pour pouvoir se tirer de cette situation qui, depuis qu’il a quitté sa chère Comté, ne cesse de devenir pour lui de plus en plus improbable. Cette scène, c’est LA scène, où tous les fils se dénouent et se nouent pour la suite…
D’ailleurs, à propos de suite, vivement la suite !